Marc Micheli
Nous extrayons ces quelques informations de la chronique nécrologique rédigée par John BRIQUET (botaniste suisse de réputation internationale, responsable de Jardin Botanique de Genève) pour rendre hommage à son compatriote disparu le 29 juin 1902. Il est né en 1811 à Genève. Sa famille d’origine italienne a joué un rôle important dans l'histoire de Genève pendant 3 siècles, tant au point de vue politique qu'au point de vue scientifique (une des ancêtres de Marc Micheli est l’inventeur du thermomètre universel). Après avoir achevé ses premières études à l'ancienne Académie de Genève, il se voua pendant plusieurs années à la physiologie végétale dans les laboratoires de Hofmeister à Heidelberg et de Sachs à Bonn. Il traduit en français Le traité de la Physiologie végétale de Julius Sachs. Plus tard, sous l’influence d'Alphonse De Candolle, il se tourna vers la partie systématique de la science, collabora au Flora Brasiliensis de Martius par une Monographie des Onagrariées, et aux Monographiae Phanerogamarum d’Alph. et C. de Candolle par une monographie des Alismacées et groupes voisins. Il entama ensuite, avec la collaboration de divers savants, une série de Mémoires sur la flore du Paraguay et particulièrement sur les légumineuses d’Amérique centrale, de Colombie, d’Equateur, du Brésil et de l’Afrique équatoriale.
Il avait à Jussy près de Genève, un parc paysage de plus de 10 ha redessiné par Edouard André une importante collection de plantes des différents continents. Son ouvrage Le Jardin du Crest publie en 1896 répertorie les milliers de plantes qu’il avait sélectionnées. On peut le télécharger sur archiv.org. Il avait une collection très importantes d’arbustes, de plantes bulbeuses et de plantes aquatiques. Pour les seuls iris, nous en avons dénombrés 115 dont bien sûr Iris Delavayi (j’écris avec D majuscule car malgré les normes actuelles, il faut avouer qu’une lettre majuscule pour les épithètes formés avec un nom propres est une indication bien utile et incarnée) Son ouvrage nous précise que c’est dans le jardin du Crest que l’Iris Delavayi a fleuri pour la première fois en Europe.
Marc Micheli s’était progressivement passionné pour l’horticulture et avait subventionné plusieurs expéditions au Mexique, en Colombie et en Orient pour introduire dans les cultures des nouveautés dont plusieurs ont été décrites par lui.
C’était un savant à l’esprit libéral, en même temps qu’un homme de cœur, botaniste de talent et Mécène intelligent. L’auteur de la note nécrologique n’a pas oublié la splendide réception donnée par Marc Micheli lors de la session extraordinaire des membres de la Société Botanique de France qui s’était tenue en 1894… au Château du Crest. Pour l’histoire de ce domaine on apprendra qu’il avait été investi et fortifié par Agrippa d’Aubigné… exilé de France. La famille Micheli du Crest vit toujours dans le Château qui valorise aujourd’hui un domaine viticole et des chambres d’hôtes.
Bulletin de la Société Botanique de France, 49:4,1902 177-179, DOI: 10.1080/00378941.1902.10830927To link to this article: https://doi.org/10.1080/00378941.1902.10830927