Les personnages de Pèlerinage vers l'Ouest  - Personnages principaux

Sha Wujing  ou Sablet
Ses origines, ses attributs, ses représentations

Sha WujingPortrait de Sablet - Groupe de statues Voyage vers l'Ouest aux Jardins du Loriot (mai 2024)

 
Pelerinage1 0Illustration de Chen Huiguan - édition chinoise de Pèleringage vers l'Ouest de 1992 - Au Fleuve des Sables Mouvants Zhu Bajie livre un combat contre Sha Wujing qui ne va pas tarder, grâce à la Bodhisattva Guanyin et son disciple Moksa, à devenir le disciple de Tripitaka. Desormais, Sha Wujing sera complice de ses frères, Sablet et Porcet.

Sha Wujing (chinois simplifié : 沙悟净) pinyin : Shā Wùjìng ; (E.F.E.O.) : Cha Ou Tsing.

Il est le premier personnage que rencontre la Bodhisattva GUANYIN chargée par Bouddha de recruter les compagnons d'escorte du moine Tang Sanzang (alias TRIPITAKA) qui a pour mission d'aller collecter des textes bouddhistes en Inde. Il deviendra le 4e et dernier disciple du moine dans le roman « Voyage vers l'Ouest ». Chargé de porter les bagages tout au long de l'aventure, c'est aussi un grand allié de Sun Wukong (alias SINGET), Longwang Sanjun (alias DRAGON CHEVAL-BLANC) et Zhu Bajie (alias PORCET).

Son histoire
 

Au départ, Officier du Ciel en tant que Général du Rideau Céleste, mais un jour  il brisa un vase en cristal lors du Banquet annuel des Pêches, il fut puni de plusieurs coups de fouet et banni sur terre sous la forme d'un Ogre des Sables Mouvants nommé simplement SABLET  (, Sha). Jadis homme imposant et de belle allure dans son armure d'or, sa déchéance en fera un être ignoble un ogre, un paria qui aurait dévoré à plusieurs reprises les réincarnations de Xuan Zang... Il mesurerait 2 toises et serait large de 3 coudées (soit 20 pieds, environ 6 m et 1,50 m de large). C'était un géant. Wu Cheng'en  le décrit sous la forme d'un ogre vivant dans le Fleuve des Sables Mouvants :

Une tête hirsute de cheveux rouge flamme,
Paire de pupilles brillant comme des lampes,
Le visage bleu indigo, ni vert, ni noir,
Une voix de tonnerre de dragon du soir,

Il se couvrait  le corps d'une cape jaune oie,
Taille serrée d'une double tresse de joncs.
Neuf squelettes pendus autour du cou,
Il tenait en main une crosse céleste.
(trad. A. Levy, T1, Pérégrination vers l'Ouest,  chapitre 22, p. 420. )

Condamné à rester sur terre, il subissait des attaques d'épées venues du ciel, jusqu'à ce que la bodhisattva Guanyin vienne à son secours et lui demande deSha Wujing in Beijing operaSha Wujing - Opéra de Péking (source Wikipedia) protéger le moine Tang Sanzang lors de son voyage vers l'Inde en quête des textes sacrés du Bouddha. D'abord adversaire de Sun Wukong et Zhu Bajie qui tentent de traverser sa rivière des sables, il devient lui aussi un disciple sous le nom de Sha Wujing Conscient-de-la-Pureté . Il prendra le nom religieux de Sha Heshang, le Saint Moine des Sables lorsque son nouveau Maître le convertira. Puis à la fin de l'expédition, il aura le titre de Jinshen Luohan, le Saint Arhat au Corps d'Or, titre donné par Bouddha en récompense de son dévouement pendant son long périple jusqu'en Inde.

C'est le disciple dont on fait le moins d'éloge dans le roman, pourtant, égal à Zhu Bajie, il assiste souvent courageusement ses "frères" contre les dangers qui les menacent. Pendant le voyage, c'est lui qui sera chargé de porter les bagages ; Zhu Bajie aime à le titiller comme le fait pour lui Sun Wukong, mais dans l'ensemble, les 3 disciples s'entendent et se respectent.

Sa lance magique 

SabletaveccollierTandis que Zhu Bajie possède un râteau à 9 dents et que Sun Wukong manie son bâton cerclé d'or, Sha Wujing possède une crosse très solide, forgée par les dieux et remis l'Empereur de Jade (Yudi -玉帝) en personne quand il fut nommé "général". Cette arme, comme celle de Singet, est capable de rétrécir et de s'allonger à volonté. Son utilisateur l' appelle Bâton Terrasseur de Démons. Elle est très caractéristique : c'est une lance à deux côtés, l'un en forme de croissant, l'autre en hachoir. Elle n'a pas uniquement une fonction guerrière, elle lui sert aussi à porter les bagages comme on peut le voir dans la scène des Jardins du Loriot !

Sources d'inspiration du personnage Sablet

Il est probable que, au fil des siècles, parmi  les récits qui ont inspiré  Wu Cheng'en, le personnage Sha Wujing soit en partie influencé par deux sources principales.

1) Dans un récit  du VIIe siècle,  Sha wujing est un géant surgi d'un rêve fait par Xuanzang en difficulté dans un désert du nord-ouest de la Chine
Ce dieu Sha Wujin  est mentionné pour la première fois dans un récit du VIIe siècle de l'historique Xuanzang, alias Tripitaka, intitulé Da Tang Daciensi Sanzang Fashi Zhuan (大唐大慈恩寺三藏法師傳, Biographie du maître du Tripitaka du grand monastère Ci'en de la dynastie des Tang). Selon ce texte, Xuanzang aurait renversé le reste de sa réserve d'eau alors qu'il se trouvait dans les déserts près de Dunhuang  et, après plusieurs jours sans boire, il aurait fait un rêve fiévreux dans lequel un esprit  de grande taille, armé d'une hallebarde lui aurait reproché de dormir au lieu de poursuivre son voyage pour récupérer les écritures de l'Inde. Le moine se réveilla immédiatement et monta  sur son cheval qui le conduisit à une oasis avec de l'herbe verte et de l'eau fraîche (Glen Dudbridge, The Hsi-yu chi: A study of antecedents to the sixteenth-century Chinese novel, pp. 18-19).

 

 2) Dans un récit du XIe siècle : Sha wujing est nourri et abreuvé par une divinité

Dans un récit figurant dans un recueil de contes japonais du XIe siècle connu sous le nom de Jōbodai shū (成菩堤集) il est  affirmé que Xuanzang a été nourri et abreuvé magiquement par un deva (puissante divinité) alors qu'il se trouvait dans le désert des « Sables mouvants » (Liusha, 流沙), terme couramment utilisé pour désigner l'environnement hostile de la région du nord-ouest de la Chine y compris du désert de Gobi. Le compilateur du Jōbodai shū explique : « C'est la raison du nom Esprit des sables profonds (Shensha shen, 深沙神) ». De retour d'un pèlerinage en Chine (838-839), le moine bouddhiste japonais Jōgyō (常曉, mort en 865) rédige un rapport qui décrit l'échange légendaire de Tripitaka avec la divinité. Shensha  shen se décrit lui-même ainsi :
"Je me manifeste sous un aspect de fureur. Ma tête est comme un bol cramoisi. Mes deux mains sont comme les filets du ciel et de la terre. De mon cou pendent les têtes de sept démons. Mes membres sont entourés de huit serpents, et deux têtes de démons semblent engloutir mes membres (en filet)..." (ibidem, p.20).

Autres illustrations

 TripitakaPage84Sable alias Conscient-de-la-pureté. Gravure de O hara Toya Minsei (1806) d'une édition japonaise du XIXe siècle reproduite dans "Pélérinage vers l'Ouest" aux Editions 2024 page 87.
 

Pour aller plus loin vous pouvez consulter :

1) Les pages du site relatives à Sha Wujing de J R Maclanahan https://journeytothewestresearch.com/2018/03/24/the-origins-and-evolution-of-sha-wujing/ 
2) L'ouvrage de  Glen Dudbridge. The Hsi-yu chi: A study of antecedents to the sixteenth-century Chinese novel. Cambridge: Cambridge Univ. Press, 1970

 

maj 24/05/2025

Personnages  en relation : Le Moine Tripitaka, Singet dit Sun Wukong, Porcet alias Zhu Bajie, la Bodhisattva Guanyin et son disciple Moksa.

 

 


carte du périple historiqueXuang Zang a quitté Chang'an, capitale des Tang, en 629, pour un grand tour de 16 000 km qui a duré 16 ans.
Premier personnage que rencontre la Bodhisattva Guanyin à la recherche de compagnons pour escorter le moine Tang Sanzang (Tripitaka) lors de son voyage jusqu'en Inde. Il contribue à l’équilibre de l’équipe des 3 + 1 premiers acolytes  du moine dans le roman : Sun Wukong, Longwang Sanjun (le dragon cheval blanc que chevauche Sanzang le moine et Zhu Bajie, le cochon à forme humaine. Monstre laid et sanguinaire, Il est chargé de porter les bagages tout au long de l'aventure, c'est aussi un grand allié des condisciples du moine  dans la lutte contre les démons et autres obstacles rencontrés. Il est particulièrement à l’aise dans les sables mouvants et les eaux profondes. Son arme : une lance avec  un croissant d'un côté et avec un hachoir de l'autre. Dans la scène aux Jardins du Loriot, l'arme sert aussi de balancier pour porter les bagages.