Comment les Missionnaires deviennent-ils collecteurs de plantes ?
Les missionnaires botanistes français ont une place particulière dans l’aventure des chasseurs de plantes en Extrême-Orient et dans la composition de nos jardins. Le circuit botanique aux Jardins du Loriot, conçu de façon ludique, a pour but de mieux faire connaître Les Pères de la botanique.
A partir de 1850, les organisations religieuses françaises retrouvent un nouveau souffle après les années de tourmentes provoquées par la Révolution française. C’est le cas notamment des Missions étrangères à Paris qui accueillent de plus en plus de prêtres désireux d’œuvrer dans les régions les plus reculées d’Asie, au péril de leur vie. Ils sont conscients du risque d’y être massacrés. Souvent issus de familles rurales, ils ne craignent pas non plus d’être affectés dans des petites communautés isolées des vallées du Mékong, aux Marches du Tibet, et en Asie du Sud. En France, en contact avec les populations vivant à la campagne, ils ont appris bien souvent à soigner les malades à l’aide des plantes, certains ont appris à botaniser, plusieurs séminaires enseignent la botanique. Installés dans leur mission à l’étranger, ils devront adapter leur savoir-faire dans un environnement végétal d’une richesse extraordinaire. Ils vont non seulement apporter des soins, affranchir des paysans en situation d’esclavage, mais aussi leur apporter des méthodes d’amélioration des cultures agricoles. En raison de leur connaissance avancée de la flore des vallées du Sichuan, du Yunnan, des plateaux tibétains, ils ne vont pas tarder à être sollicités par le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, chargé de rassembler des collections de spécimens de plantes du monde entier. Ils seront aussi en lien avec les grands pépiniéristes français (Vilmorin, Lemoine…).Ces partenariats vont non seulement leur permettre de perfectionner leurs méthodes d’identification des plantes, de collecte, de conservation et d’expédition, mais aussi de recevoir des indemnités qui vont leur permettre de poursuivre leur mission apostolique, en partageant les fonds reçus avec les petites communautés chrétiennes pour améliorer leurs conditions de vie.
Ces missionnaires issus de la campagne, sont aussi particulièrement sensibles à la beauté de la flore et touchés par la grâce de la nature. Ils sont conscients aussi , avant le temps de l’écologie, de la nécessité de préserver l’environnement. De façon significative, ils vont contribuer, par leurs envois de spécimens d’herbiers et de graines, à faire évoluer la science et à changer le décor floral des jardins français.
Nombre d'hortensias, deutzias, camelias, rhododendrons, azalées, roses botaniques, de primevères... sont une infime partie des genres de plantes collectées par nos missionnaires. Parmi les dizaines de milliers de plantes qu’ils ont découvertes dans des vallées aux climats très variés, un certain nombre sont bien connues par les jardiniers sans qu’ils sachent forcément leur origine.
Le circuit que nous avons réalisé aux Jardins du Loriot doit permettre de mieux faire le lien entre les plantes les plus connues des jardiniers et les vies éditiantes des missionnaires botanistes français. Les missions dans les régions les plus reculées en Chine sont aussi des relais pour les explorateurs professionnels qui permettent des échanges et une entraide entre botanistes occidentaux.
Nous avons limité, dans un premier temps, ce circuit à la découverte de l’œuvre botanique des Pères J.-M. Delavay, Paul Farges, André Soulié et Armand David. Mais ici et là dans le parc , d’autres plantes rappellent l’implication de bien d’autres missionnaires français dans la collecte des plantes au Tibet et en Chine : Perny, Bodinier, les frères Monbeig, Dubernard, Valentin…