Phyllostachys nigra 'Henonis'


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Un vieux coupeur de bambous vit avec son épouse de la fabrication de paniers. Ils n'ont pas eu d' enfants. Mais un jour, en allant couper des bambous, le vieux vannier est attiré par une lumière resplendissante qui jaillit d'un chaume de bambou. En s'approchant il découvre une belle petite princesse. Il la porte à la maison. Les vieux vanniers décident rapidement de l'adopter... Comme dans tous les contes de fées, la Princesse est belle et devient vite adulte. Elle s'appelle Kaguya-Hime. Cinq princes veulent l'épouser. Elle leur lance à chacun  des défis tous plus  impossibles les uns que les autres . L 'empereur tombe également sous le charme. Il voudrait l'épouser aussi. Mais en vain. L'élixir de longue vie et d'immortalité qu'elle lui a offert ne peut atténuer son chagrin. On apprend que la Princesse est venue de la Lune pour expier un égarement amoureux. Elle sera  de  passage sur terre pour une courte durée car elle a su réfréner ses désirs. Les 2000 guerriers impériaux  venus pour empêcher son départ vers la lune ne feront pas obstacle  à sa destinée extra-terrestre. De dépit, l'empereur jette l'élixir de longue vie sur le Mont Fuji et ordonne de le faire brûler.
Cette version datant du IXe siècle est toute empreinte de culture bouddhique. Mais il est aussi  possible d'entrevoir dans ce conte la symbolique du bambou : droiture, courage, humilité, éternité.

Ce Phyllostachys est dédié à Augustin Henon, vétérinaire issu d'une famille de médecins et vétérinaires de Lyon. Le père était bien connu  pour son dévouement auprès de ses concitoyens démunis. Augustin a exercé une mission d'histoire naturelle au Japon en 1872  au cours de laquelle  il a dû  rencontrer le baron Mitford, adjoint à la légation britannique  de Tokyo. Celui-ci a été le premier européen  à décrire ce Phyllostachys appelé en japonais Ha-chiku. Lors du retour d’Augustin Hénon en France,  ses élèves japonais ne manquèrent pas de lui rappeler : « Maître n'oubliez pas de rapporter avec vous le plus joli bambou qui soit » (d'après les notes personnelles de Jean Houzeau de Lehaie). Ce point de vue est totalement partagé par le baron Freeman-Mitford qui, de retour du Japon, s'est adonné à la culture des bambous en Angleterre. Dans son ouvrage The Bamboo garden (1896), il ne cache pas son enthousiasme pour le Phyllostachys Henonis Article de Freeman-Midford sur Phyllostachys Henonis extrait de son ouvrage The Bamboo garden paru en Angleterre en 1896

ChChaplin200Charlie Chaplin et son effigie (1918)C'est bien connu Charles Spencer Chaplin a créé son célèbre personnage de Charlot en lui donnant une allure caractéristique qui le rendra célèbre dans le monde entier. De tous ses attributs vestimentaires, chapeau melon, chaussures de clown, veste juste-au-corps contrastant avec un pantalon bouffant, la canne est indissociable. Son chapeau et la canne suffisent à évoquer l'artiste le plus connu dans le monde entier au XXe siècle et encore de nos jours.

Pendant longtemps nous avons supposé que sa canne était fabriquée avec le fameux Chimonobambusa tumidissinoda (canne aux nœuds très proéminents ressemblant à des cymbales - d'où l'épithète tumidissinoda). Effectivement certains dessins représentant Charlot y font singulièrement penser. Mais cette hypothèse doit être écartée car les cannes  de promeneur faites avec ce bambou sont particulièrement rigides. Or une des caractéristiques de la canne de Charlie c'est d'être particulièrement flexible. En cherchant un peu on apprend qu'artisans et vendeurs d'accessoires vestimentaires appellent cette canne  wanghee (ou whanghee). Cette désignation pourrait venir  du mandarin 黃藜 (huánglí)  composé de "jaune" et de "racine". Plusieurs sources affirment  qu'il s'agit d'un Phyllostachys nigra sans plus de précisions.

Sur les affiches en couleur représentant Charlot, les cannes de l'acteur sont toujours jaunes. Lors des ventes aux enchères  les cannes de l'artiste sont  toujours appelées wanghee, et sont effectivement jaunes. Le rapprochement des  nœuds notamment des Phyllotachys nigra ne s'observe que  sur leurs rhizomes (ce que confirme le nom mandarin générique 'glí' (racine) . Les rhizomes de Phyllostachys sont plus flexibles que les chaumes. Il est reconnu que l'Henonis est encore plus facile à travailler notamment à couder que les autres Phyllostachys.

Pour l'anecdote, l'une des cannes de Charlie Chaplin a été adjugée aux Etats-Unis 62.000 $ en 2012.