Les carrés des Plantes d'Immortalité de Sima Guang aux Jardins du Loriot

Sima Guang, chancelier de l’empereur, à l’Epoque des Song du Nord  XIe siècle (Chine) s’est retiré à Luoyang, seconde capitale impériale, pour prendre de la distance avec les vicissitudes de la Cour. Sa maison principale se situPivoine arbustive aux Jardins du Loriot près de la Hutte de pécheur de Sima Guang - photo 24/04/2023ait dans des quartiers résidentiels, protégés par des murs élevés. Puis, il avait  acheté dans les quartiers péri-urbains populaires (Cunxian), un ancienne ferme d’environ 13.000 m² pour y établir un « jardin refuge » en 1073.

Sima Guang a eu la sagesse de décrire l’aménagement de son jardin avec une relative précision. Ainsi nous apprenons qu'il était composé en  7 parties. Il en a donné aussi la signification en écrivant 7 poèmes. Quatre siècles plus tard, un grand peintre, Qiu Ying a pu reconstituer le Jardin de la Joie Solitaire. Et 7 siècles plus tard, le missionnaire érudit limousin, Martial Cibot, en poste auprès de  Qianlong, célèbre empereur à Pékin,  a transmis en France une traduction libre des textes de Sima Guang relatifs à son Jardin. C’est ainsi que Claude Henri Watelet, créateur du fameux jardin de Moulin-Joly à Colombes a fait connaître aux amateurs de jardins chinois (et anglo-chinois) en France le Jardin de Sima Guang.

A partir des textes de Sima Guang,  nous avons réalisé en 2022 sa hutte de pêcheur grâce au talent de Patrick Lucas, Président de l'association des Amis des Jardins du Loriot. En 2023 nous avons  entrepris  de reconstituer aux Jardins du Loriot plusieurs carrés de plantes médicinales et aromatiques que Sima Guang avait cultivées dans son Jardin de la Joie Solitaire. Une partie des plantes médicinales étaient classées en 120  plantes d’Immortalité selon un célèbre traité de soins de l’époque et encore bien connu par les herboristes chinois d'aujourd'hui (le nombre 120 correspond pratiquement  à 1/3 des jours d’une année).  Ce n'est donc pas un hasard si le lettré-jardinier et homme politique  Sima Guang  précise  qu'à proximité de de sa plantation de bambous, distribuée en forme d'échiquier, il avait  120 carrés d'herbes médicinales.  Celles-çi selon le fameux traité, ouvraient la perspective de  devenir… centenaire ! Sima Guang faisait vendre aussi le surplus sur le marché de Luoyang  pour rétribuer ses jardiniers. Parmi les plantes d’Immortalité on retrouve dans les nouveaux carrés des Jardins du Loriot : la pivoine, l’aneth, l’angélique de Chine, l’aunée des fleuves, le ginseng du pauvre03lescarrésdesplantesmedicianalescUne partie du rouleau de soie peint par Qiu Ying représentant les carrés de Plantes Médicinales Chinoises autour de la Hutte de Pécheur de Sima Guang., l’aigremoine, la rhubarbe officinale de Chine, le schizandra...

Paradoxalement, il semble  que Sima Guang recevait dans son jardin-refuge  un certain nombre de visiteurs, amoureux des fleurs et de jardins. Manière de partager sa solitude ! Les visiteurs donnaient à l’entrée du parc quelques piécettes au gardien du jardin. Les Jardins du Loriot font revivre ce fameux jardin de Luoyang. Luoyang est devenue la capitale des pivoines, fleur symbole de la Chine.