01 - Père Jean-Marie DELAVAY
Le Circuit des Explorateurs
aux Jardins du Loriot
Résumé
Originaire du village des Gets - près de Morzine (Alpes française), le Père Jean-Marie DELAVAY a une expérience de la botanique et de la haute-montage avant de partir en mission. Au cours de 23 années passées en Chine, J.-M. Delavay collecte des plantes près de Canton, puis dans les montagnes du Yunnan et sur les plateaux du Tibet où il découvre le fameux pavot bleu. Malgré l’hostilité récurrente qu’il rencontre, et les maladies qu’il contracte il ne cesse d’herboriser jusqu’à l’épuisement. Parmi les missionnaires botanistes en Chine à cette époque, il est celui qui a collecté le plus grand nombre de plantes pour le Muséum et de graines pour les pépiniéristes.
Deux massifs sont dédiés au Père Jean-Marie DELAVAY. Ils sont signalés par la Balise chinoise n° 1 qui se trouve juste avant la station n° 3 - Otaksa mon amour
J-M Delavay
Jean-Marie DELAVAY est né en 1834 aux Gets près de Morzine (Haute-Savoie) dans une famille catholique très fervente. Il aime le jardinage et la flore des Alpes. Au Séminaire d'Annecy il a l'occasion d'apprendre les bases de la botanique. Puis au Séminaire des Missions étrangères (Société de vie apostolique basée rue du Bac à Paris qui a pour but l'évangélisation des pays d'Asie non chrétiens), il se prépare à partir en Chine. En 1867 il rejoint sa Mission au Guangdong (capitale : Canton) située au nord de Hong Kong et celle de Guangxi (à l'ouest de Guangdong).
Premier séjour en Chine 1867-1880"
Peu de temps après son arrivée, il est sérieusement blessé près de son église par des Chinois hostiles. Se rendant à une mission sur une petite île, il est attaqué par des pirates. Puis, le Père Delavay est affecté à proximité de la frontière du Vietnam, au district de Malu (province de Guangxi). Il contribue à la libération de femmes annamites capturées par des pirates. En dépit de ces violences, le Père Delavay ne cesse d'herboriser en toutes saisons dans cette province au climat subtropical et se perfectionne aux méthodes de collecte. N'ayant pas de contact direct avec le Muséum d'Histoire naturelle à Paris, il offre toutes ses collectes de végétaux à un consul de Canton et éminent botaniste qui s'empresse de les envoyer en Angleterre.
Lors de son premier retour en France en 1881, il rencontre le Père Armand David, le plus éminent missionnaire botaniste, spécialiste de la flore chinoise, qui le convainc d’envoyer désormais ses collections au Muséum pour être étudiées par Adrien Franchet, chargé de l'analyse scientifique des collectes réalisées dans le monde entier.
Second séjour en Chine 1882-1891
Sa deuxième mission est basée dans le Nord-Ouest de la province du Yunnan. Cette région comporte des paysages et des climats d'une très grande diversité, qui offrent une flore et une faune très riche.
Il s'établit à Dapingzi (2.300 m), située dans une vallée très chaude qui lui causera une anémie paludéenne. Dans ses temps libres, il herborise dans les montagnes environnantes. Il parcourt souvent les monts Can Shan qui dominent Dali. Lors de ses expéditions, il collecte beaucoup de rhododendrons qu'il affectionne particulièrement. Il fera également l'ascension, plus de 60 fois, sans assistance, du mont Heishanmen (qu'il appelle « mon jardin ») situé à l'ouest de sa Mission. Le Père Delavay a une endurance exceptionnelle aux vents violents et au froid glacial acquise dans les Alpes françaises et suisses et qui règnent dans ce « Mont-Blanc du Yunnan ».
En 1886, il explore les plateaux du Tibet. Ce qui lui donne l'occasion de découvrir des magnifiques pavots d'un bleu éclatant appelés Meconopsis betonicifolia.
Cette même année, il contracte la peste bubonique : « Sur 48 cas parmi mes chrétiens, nous avons eu 42 décès.». Combinée avec des crises de paludisme, cette maladie l'affaiblit considérablement. Il continue toutefois ses collectes et envois de paquets de plantes en France. L’année 1890 est perturbée par la maladie. Après un séjour au sanatorium de Hong Kong, il repart pour le Yunnan par le Fleuve Rouge.
Il rentre en France en 1891 pour aller se soigner dans un sanatorium des Missions étrangères. Une attaque de paralysie locale le laissa invalide d’un bras. Mais la nostalgie de la Chine le pousse à repartir au Yunnan.
Expédition des caisses par le fleuve Bleu (Yang-Tsé)
Chaque expédition des caisses remplies d'herbiers et de graines par Jean-Marie Delavay est une nouvelle aventure. En mars 1884, il achète un cheval et trouve difficilement un porteur pour acheminer ses caisses de Dapintzi (sa résidence habituelle) à l’embarcadère de Shuifu (38 jours de cheval) près du Fleuve Bleu. A cette période un nouveau conflit éclate entre l'armée française du Tonkin et l'armée chinoise, ce qui accroît les tensions entre les Chinois et les missionnaires catholiques. Delavay essuie plusieurs refus d'autorisationdes fonctionnaires (mandarins) pour expédier ses paquets pour le Muséum. Après le retour au calme, en 1885, il loue 2 chevaux pour acheminer ses paquets à Kunming... puis les colis sont remontés à Shuifu ! Au total, un envoi entre Dapintzi et Paris prend 6 mois alors qu'une lettre postale prend environ 4 mois.
Troisième et ultime séjour en Chine, 1894-1895
Il remonte de nouveau le Fleuve bleu, mais l’état dégradé de sa santé l’oblige à s’arrêter à Longqi (Nord-Ouest du Yunnan). Il y récolte encore 1 200 spécimens. Malheureusement, près de la moitié de cette collection est détruite par l’extrême humidité qui règne dans la région. En février 1895, il atteint Kunming (à 225 km au N-E de Dali) et finit par rejoindre le village qui lui avait été assigné comme Mission. En dépit de son épuisement, il reprend ses herborisations et ses envois de paquets de plantes.
Il s’éteint, épuisé, à 61 ans le 31 décembre 1895.
Au cours de ses deuxième et troisième séjours, c'est près plus de 100.000 échantillons d'herbier, dont 2.500 plantes nouvelles qui viennent enrichir le Muséum de Paris. Les graines transmises au Jardin des plantes et aux grands horticulteurs (Vilmorin, Lemoine) de l'époque permettent d'introduire en Europe un grand nombre de plantes de grand intérêt horticole qui seront souvent améliorées et hybridées.
Son nom (Delavayi) est attribué à de nombreuses espèces de plantes. Ses envois au Muséum ne sont pas encore tous étudiés, et l'intérêt est majeur car une partie importante des espèces collectées par Delavay a disparu en raison de la déforestation et de l'extension des cultures. On peut considérer Jean-Marie Delavay comme un des principaux missionnaires botanistes, sous la houlette du Père Armand David . Adrien Franchet appelait affectueusement le Père J.-M. Delavay, le Père P.-G. Farges et le Père Soulié « Les trois mousquetaires »
© Les Jardins du Loriot, 2019.
English
01-Father Jean-Marie DELAVAY
Jean-Marie DELAVAY was born in 1834 in Les Gets, near Morzine (Haute-Savoie) into a very religious Catholic family. He loved gardening and the flora of the Alps. In Annecy seminary, he had the opportunity to learn the basics of botany. Then in the seminary of the Foreign Missions (A Society of Apostolic life based rue du Bac in Paris whose aim was to convert non-Christian Asian countries), he prepared to go to China. In 1867, he left to join a mission in Guangdong (capital: Canton), situated north of Hong Kong and another one in Guangxi (west of Guangdong).
First stay in china (1867-1880)
Shortly after he arrived, he was seriously injured by hostile Chinese near his church. On his way to a mission on a small island, he was attacked by pirates. Then, Father Delavay was assigned to a parish near the Vietnamese border, in the Malu district (Guangxi province). He contributed to securing the release of Annamese women who had been captured by pirates. Despite all this violence, Father Delavay never stopped collecting plants in all seasons in this subtropical province and he improved his collecting methods. As he had no direct contact with the Paris Muséum d’Histoire naturelle, he offered all his plant collections to a consul from Canton who happened to be a distinguished botanist. The latter hastened to send them to England.
On his first return to France in 1881, he met Father Armand David, the most learned botanist-missionary, and an expert in Chinese flora, who convinced him to send his collections to the Muséum from then on in order that they be studied by Adrien Franchet who was in charge of scientifically analysing worldwide collections.
Second stay in China (1882-1891)
His second mission was based in the north-west of the Yunnan province. This area offered quite a wide diversity of landscapes and climate resulting in a very rich fauna and flora.
He settled in Dapingzi (altitude: 2 300m.), in a very hot valley which would lead him to develop a malarial anaemia.
In his spare time, he collected plants in the surrounding mountains. He often went over the Can Shan Mountains, which overlook Dali. During his expeditions, he collected a lot of rhododendrons of which he was particularly fond. He also climbed Mount Heishanmen (which he called “my garden”) over 60 times without any assistance. Mount Heishanmen was situated west of his mission. Father Delavay had exceptional stamina. He had built up resistance to the violent winds and icy cold of “Yunnan Mont-Blanc” in the French and Swiss Alps.
In 1886, he explored the Tibetan plateaux and discovered the magnificent brilliant-blue poppies called Meconopsis betonicifolia.
That very same year, he contracted the bubonic plague. “Out of 48 cases among my Christians, 42 died.” Combined with malaria attacks, this disease left him extremely weak. However, he continued to collect plants and send them to France. The year 1890 was disrupted by his illness. After staying in a sanatorium in Hong Kong, he went back to Yunnan by the Red River.
He returned to France in 1891 in order to get treatment in a Foreign Missions sanatorium. A bout of local paralysis deprived him of the use of one arm. But his yearning for China encouraged him to go back to Yunnan.
Third and final stay in China (1894-1895)
He sailed up the Blue River again but on account of his deteriorating health, he was forced to stop in Longqi (North West of Yunnan). There, he collected another 1 200 specimens. Unfortunately, half of his collection was lost due to the extreme humidity in the area. In February 1895, he reached Hunming (225 km north east of Dali) and he eventually arrived in the village to which he had been posted as a missionary. Although he was exhausted, he kept botanizing and dispatching plants.
He passed away, exhausted, at 61 years of age, on December 31st, 1895.
In the course of his second and third stays, the Paris Muséum benefited from over 100,000 herbarium samples, of which 2 500 were new plants. The seeds, passed on to the Jardin des Plantes and the great horticulturists of the time (Vilmorin, Lemoine) enabled a great number of plants to be introduced into Europe. These plants had a huge horticultural interest and they would often be improved and hybridized.
His name (Delavayi) was given to many plant species. The samples he sent to the Muséum have not all been studied and their interest is all the greater since an important number of the species gathered by Delavay has disappeared on account of deforestation and the expanding cultures.
Dispatching the cases by the Blue River
Jean-Marie Delavay experienced a new adventure each time he dispatched boxes full of herbariums and seeds. In March 1884, he bought a horse and had difficulty finding a porter able to transport his boxes from Dapintze (his residence) to Shuifu pier (38 days on horseback) near the Blue River. At that time, a new conflict broke out between the Tonkin French army and the Chinese one, which increased the tensions between the Chinese and the Catholic missionaries. Several times, Delavay was refused the authorization to dispatch his boxes to the Muséum by civil servants (mandarins). In 1885, after the situation had returned to a state of calm, he hired 2 horses to carry his boxes to Kuming… then the boxes had to be taken back up to Shuifu ! Overall, dispatching boxes from Dapintze to Paris used to take 6 months whereas sending a letter by mail took about 4 months.
Translation by Marie Armelle TERRIEN, with participation of Bernadette HAND.
Deutsch
Zusammenfassung
Pater Jean-Marie DELAVAY stammt aus Morzine (Französische Alpen) und hat bereits Erfahrung mit Botanik und Hochgebirge gesammelt, bevor er auf Mission ging. Während 23 Jahren in China sammelt J.-M. Delavay Pflanzen in der Nähe von Canton, dann in den Bergen von Yunnan und auf den Hochebenen von Tibet, wo er die berühmte blaue Mohnblume entdeckt. Trotz der wiederkehrenden Feindseligkeiten, denen er begegnet, und den erkrankten Krankheiten, botanisiert er weiter, bis er erschöpft ist. Zu dieser Zeit hat er unter den botanischen Missionaren in China die größte Anzahl an Pflanzen für das Museum und Saatgut für Baumschulen gesammelt.
Zwei Beete sind Pater Jean-Marie DELAVAY gewidmet. Sie werden von der chinesischen Bake Nr. 1 gemeldet, der sich kurz vor der Station Nr. 3 befindet (Otaksa, meine Liebe).
Quelques plantes Delavay aux Jardins du Loriot
Thalictrum delavayi, Rhododendron delavayi, Paeonia delavayi, Lonicera delavayi, Ficus Ti-Koua, Osmonthus delavayi, Podophylum delavayi, Incarvillée ...
Ce 11 mai 2021 c'est avec une grande joie que nous reçu du Jardin botanique des Gets, CCVS, plusieurs pieds du magnifique Iris delavayi.
Saison 2021
Jeu 'Le circuit des Explorateurs'
Question n° 1 - Quelle est la capitale du Yunnan ?
Indice (s) : consultez la carte des provinces chinoises sur la Balise chinoise n° 1.
Question n° 2 - Quel pays partage la plus longue frontière avec le Yunnan ?
Indice (s) Le 1er février 2021 les militaires y ont repris le pouvoir par un coup d'Etat.
Ce pays est traversé par le fleuve Irrawaddy.:
Question n° 3 - Où se trouve le Jardin Botanique Jean-Marie Delavay ?
Indice (s) :
- Près du hameau de naissance du grand botaniste
- Dans une station de sport d'hiver très connue.
Question n° 5 - Quelle célèbre montagne le Père Delavay a escaladée de nombreuses fois ?
Indice (s) :
- Si non loin du massif Delavay, vous observez une rosier avec de très grandes épines vous découvirez le nom de la célèbre montagne.
- Cette montagne se trouve au Sichuan
- Aujourd'hui de nombreux touristes y accèdent en gravissant ... 60.000 marches.
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