24 ans de pérégrination en Chine
Texte
1 - Joseph Rock et les Naxi - "13 à la douzaine" .
2 - Joseph Rock, Alexandra David-Neel, le lama Yongden à la Mission du père Jean-Baptiste Ouvrard
Alexandra David-Néel et le lama Yongden qui deviendra son fils adoptif
Les chemins des explorateurs aux Marches du Tibet se croisent rarement, sauf lorsqu’ils font halte dans les missions ou les cités, y compris les plus reculées. C’est dans ces circonstances une bien singulière rencontre qui a lieu en octobre 1923 à la Mission catholique de Tsedjrong qui se trouve sur le bord du Mékong, à 4 km au nord de l’ancienne Mission de Tsekou où plusieurs missionnaires ont été assassinés en 1905 (voir notre article sur l’explorateur Georges FORREST) . L’abbé Jean-Baptiste Ouvrard, Vendéen originaire de Saint-Vincent-de-Puymaufray, responsable de la mission, reçoit le 20 octobre, l’exploratrice Alexandra David-Neel et son fils adoptif, le lama Yongden.
Ils ne viennent pas à l’improviste. Quelques semaines auparavant, à Likiang (là où Rock a sa résidence) la « Française » a demandé au père J-B Ouvrard s'il pouvait leur ouvrir prochainement les portes de sa mission. Le Vendéen est plein de prévenance et d’hospitalité à l’égard de cette dame française accompagnée d'un jeune lama, même s'ils ne partagent pas les mêmes croyances. Il l’informe qu’il lui faudra traverser le fleuve sur une poulie suspendue à une corde de bambou pour arriver à sa mission. Ce n’est pas ce mode de transport particulièrement risqué qui va effrayer l’aventurière. Elle en est coutumière.
Fred Champenois et Mathieu Blanchot : Une vie avec Alexandra David-Neel - Livre 2 - Ed. Grand Angle, 2017
Le Père Ouvrard côtoie régulièrement les risques que présente une telle traversée lorqu’il va remplir ses missions sur la rive gauche du Mékong, avec ses assistants et… sa mule. De surcroît il est nécessaire de prévoir des passeurs des deux côtés de la berge. L’un pour aider au départ, l’autre pour aller rejoindre "l'envoyé" et le remonter jusqu'à la rive d'arrivée. La traversée est encore plus délicate si l'on sait que l'aventurière et son fils viendront... avec leur mule.
La mule du père Ouvrard suspendue à un pont de corde de bambou sur le Mékong. Un Tibétain se laissse glisser sur la corde pour aller la récupérer.Drôle de coïncidence, le lendemain, Joseph Rock qui herborise dans la vallée du Mékong, contrée du Yunnan particulièrement riche sur le plan floristique (voir notre article consacré aux découvertes botaniques du Père Jean Marie Delavay et celles du Père André Soulié), frappe également à la porte du père Ouvrard. L’ « Autrichien » et la « Française » selon les expressions du père Ouvrard, se connaissent déjà. Mais cette rencontre ne fait pas l’affaire d’Alexandra. Elle vient à la Mission de Tsedjrong pour se délester de tout son équipement occidental d’exploratrice. C’est en mendiante qu’elle a l’intention de pénétrer dans le Tibet interdit. C'est décidé, elle va se rendre de la mission de Jean-Baptiste Ouvrard à Lhassa avec son fils. Aucune étrangère n’a vu à ce jour la cité du Potala. Elle prétexte qu’elle vient botaniser dans les environs. Personne n’est dupe. Elle n’est pas équipée pour herboriser. Rock prend enfin la décision de partir avant elle. « A malin, malin deux fois », Rock se doute probablement depuis sa première rencontre avec l'ancienne cantatrice de son intention de se rendre à Lhassa. Qelques temps après, Joseph trace le souvenir de cette rencontre dans son journal intime «Pendant que j’explorais et botanisais sur la chaîne enneigée qui sépareles grands fleuves, Madame Neel avait fait des plans pour traverser le Doke-la sacré du Kaakerpo du côté thibétain, je suis tombé sur son campement et j’ai su alors qu’elle se trouvait déjà dans une zone interdite ».
Pour la petite histoire on apprendra que pour aller à Lhassa, le plus discrètement possible sous les habits de pauvres ères en haillons, Alexandra et son fils ont fait don de leur mule au Père Ouvrard !
La relation de l'abbé vendéen avec J. F. Rock reste à approfondir.. Le 27 juin 1928, il écrit à sa cousine Madeleine qui fait le lien avec sa famille : « Si cela te fait plaisir, tu sauras qu'un botaniste autrichien a donné notre nom de famille : « Meconopsis ouvrardi » à une fleur découverte sur la montagne du Sila entre Tsechong et Bahang. ». Cette dédicace peut honorer le père Ouvrard pour son hospitalité, sans exclure l'aide qu'il pouvait apporter en botanisant pour le compte de Rock. On connaît mieux son aide pour la collecte de papillon pour la joie du grand collectionneur amateur rennais Oberthur, éditeur des fameux almanach des Postes françaises.

Une variété de pavot bleu 'Meconoposis ouvrardi' est dédiée par Rock au Père Ouvrard .
3 - Les plantes collectées par JF Rock
La pivoine de Rock
texte...
4 - Lubies de Rock
Verdi - Rigoletto - La Dona è mobile - Enrico Caruso (1902-03)
5 - Rock et les mondes perdus
introduction
"Horizons perdu : le mythe de Shangri-la"}
6 - Irène Frain et J. Rock : Le Royaume des Femmes
Joseph Rock et ses lubies
© Les Jardins du Loriot, 2019.
English
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Translation by Marie Armelle TERRIEN, with participation of Bernadette HAND.