04 - Père Armand DAVID
Père Armand David en tenue chinoise
Le Circuit des Explorateurs
aux Jardins du Loriot
Résumé
Le Père Armand David, (1826-1900) est un missionnaire lazariste français, avant tout zoologiste, mais aussi botaniste renommé. Il collecte pendant ses trois expéditions en Chine, animaux, plantes, roches et fossiles en pour le compte du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Il est surtout connu pour avoir fait connaître en Europe le fameux Panda. Mais ses découvertes botaniques sont importantes, la plus populaire : le Buddleia davidii, l’arbre aux papillons, la plus spectaculaire : Davidia involucrata, l'arbre aux mouchoirs. Dispensé de sa mission apostolique, il joue un rôle de conseil auprès du Muséum, pour orienter le travail de collecte de plantes en Chine réalisé par les missionnaires français de son époque.
Pour honorer le Père Armand David, un massif des Jardins du Loriot lui est dédié. Il est signalé par la Balise chinoise n° 4 près de la cascade du panda Station n° 22)
P. Armand DAVID
04 – Armand David
Armand DAVID est né en 1826 à Espelette au Pays Basque. Son père médecin s'intéresse à l'histoire naturelle, il donne à son fils le goût de l'observation du monde animal et végétal. Celui-ci fréquente le grand séminaire de Bayonne, puis part pour Paris en 1848 à la Société des prêtres de la Mission, congrégation créée en 1625 par Saint Vincent-de-Paul dont les membres, appelés lazaristes, peuvent être envoyés, notamment, en mission d'évangélisation dans les pays non-chrétiens. Toutefois, pendant 10 ans, il est affecté près de Gènes pour enseigner les sciences naturelles. Il constitue là d'importantes collections et apprend la taxidermie. En 1861, le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, sollicite les lazaristes pour réaliser un inventaire de la flore et de la faune chinoise. A. David est choisi pour partir dans la région de Pékin où il reste de 1862 à 1866.
À cette époque, le pouvoir de l'Empire chinois est très affaibli. Il vient de subir l'assaut des troupes coloniales françaises et britanniques. La signature d'un traité garantissant notamment la libre circulation des missionnaires n'empêche pas l'hostilité permanente des mandarins à l'égard des résidents catholiques.
Découverte de bêtes énigmatiques
Malgré cela, les collectes du Père David sont très fructueuses, il envoie au Muséum de nombreux spécimens zoologiques. C'est surtout la découverte du cerf « Elaphurus davidianus » qui étonne : « Il a les bois d'un cerf, le cou d'un chameau, le pied d'une vache et la queue d'un âne ! ».
En 1866, il explore avec l'ancien guide mongol du célèbre Père Evariste Huc, le sud de la Mongolie où il fait des récoltes prodigieuses d'oiseaux (176), de mammifères (59), d'insectes (680). et il collecte 1.500 plantes.
Deuxième expédition encouragée par un Vendéen
A partir de 1868, il explore la Chine centrale et le Tibet oriental (l'actuelle province du Sichuan) qui possède une grande diversité botanique. En remontant le Fleuve bleu, très tumultueux en période de mousson, il doit s'arrêter 4 mois à Jinjiang où il découvre la grenouille qui aboie comme un chien. En octobre il repart pour le Sichuan mais il est victime de tentatives d'empoisonnement en buvant son thé.
En décembre, il arrive dans la région de Moupin (actuellement Baoxing) où il découvre 16 espèces de rhododendrons (dont 13 inconnues), découvre l'arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) et l'arbre aux papillons (Buddleia davidii).
Découverte d'un ours inconnu, le panda.
Des chasseurs lui font voir un ours qu'il n'a jamais rencontré : il est blanc avec des pattes, des oreilles et le contour des yeux noirs, c'est le fameux panda géant. Les chinois le nomment "Enfant de la Montagne" en raison des cris d'enfants qu'il produit.
Très encouragé par Mgr Chauveau, Vendéen de Luçon, évêque de Tatsienlu (Kandging) et malgré son état de santé (pied infecté, évanouissements incessants, fortes douleurs...) le Père multiplie ses excursions autour de Moupin et notamment sur le mont Hong Shan Tin (3.400m). Pluie, neige, boue, chemins non tracés, rien ne découragent pas le botaniste. Aconits, gentianes, meconopsis (pavot bleu), saxifrages et beaucoup de petits rhododendrons d'altitude enrichissent les herbiers du Muséum.
Du Sichuan qu'il quitte fin 1869, le père David a envoyé au Muséum 676 specimens de plantes, 441 d'oiseaux et 145 de mammifères...
Un écologiste avant l'heure
D'octobre 1872 à avril 1874 il organise une 3ème expédition des monts Qinling au Jiangxi. Lors du naufrage de sa barque trop chargée sur la Han, une rivière tumultueuse, le Père David se jette à l'eau pour récupérer une partie de ses caisses de spécimens collectés. Selon son correspondant en France, Adrien Franchet, A. David a perdu dans des situations similaires la moitié de ses collectes de plantes.
Jusqu'en 1874, malgré des crises de paludisme, le Père David explore les provinces autour de Shanghai et déplore la destruction des forêts primitives et la disparition d'une multitude d'espèces : « Bientôt le blé et la pomme de terre vont remplacer ces centaines, ces milliers de créatures animales et végétales que Dieu avait fait sortir du néant pour vivre avec nous ; elles ont droit à la vie et nous allons les anéantir sans retour en leur rendant brutalement l'existence impossible. ».
Un grand scientifique
Contrairement aux Pères botanistes sous la responsabilité des Missions étrangères de Paris, le Père David, lazariste, a été dispensé de toute mission apostolique pour qu'il se mette exclusivement au service de la science. Durant ses trois expéditions en Chine, le Père David a collecté environ 3.500 spécimens de plantes représentant plus de 1.500 espèces dont 250 nouvelles pour la science.
Quelques plantes découvertes par le Père David
Après ses missions en Chine qui ont duré environ 11 ans, l'intrépide aventurier, malgré une endurance à toute épreuve, revient définitivement en France à l'âge de 48 ans. Après un repos réparateur, il va paisiblement se consacrer à l'analyse de ses découvertes, à des publications scientifiques et à la rédaction d'un volumineux Journal de sa 3ème expédition. Ses études ont largement contribué à l'avancement des recherches sur l'évolution des espèces. Il a optimisé avec le Muséum l'organisation et l'orientation de la collecte de ses confrères botanistes en poste en Chine. En reconnaissance de ses recherches, 79 espèces de plantes lui ont été dédiées.
Sa notoriété internationale est due principalement à l'importance de ses travaux zoologiques : le monde des animaux le captivait encore plus que celui des plantes.
Il s'éteint à Paris en 1900, à 74 ans.
© Les Jardins du Loriot, 2019.
English
04-Father Armand David
Armand David was born in Espelette (in the Basque country) in 1826. His father, a doctor, was interested in natural science and he gave his son a taste for observing the animal and plant world. Armand studied in the Bayonne seminary, then went to Paris in 1848 where he joined the Société des Prêtres de la Mission, a congregation founded in 1625 by Saint Vincent-de-Paul whose members, called Lazarists, could be sent, in particular, to non-Christian countries so as to convert the population. However, he was to be posted near Gênes for 10 years as a natural science teacher. There, he built up important collections and learned taxidermy. In 1861, the Muséum appealed to the Lazarists to make an inventory of the Chinese fauna and flora. Armand David was chosen to go to the Peking region where he was to stay from 1862 until 1866.
At the time, the Chinese Empire had little power. It had just suffered an onslaught of the French and British colonial troops. Although a treaty had been signed guaranteeing, among other rights, free circulation for the missionaries, it did not keep the mandarins from being permanently hostile to the Catholic residents.
Discovering mysterious creatures
In spite of all this, Father David’s collections were very fruitful; he sent numerous zoological specimens to the Muséum. Above all, the discovery of “Elepharus davidianus”, a stag, was amazing: “It has the antlers of a stag, the neck of a camel, the foot of a cow and the tail of a donkey!”
In 1860, accompanied by the famous Évariste Hug’s former Mongol guide, he explored southern Mongolia where he gathered incredible numbers of birds (176), mammals (59), insects (680); he also collected 1 500 plants.
Second expedition encouraged by a native of the Vendée
From 1868 on, he explored central China and eastern Tibet (the Sichuan province today), both offering a great botanical diversity. Going up the Blue River which could become very turbulent during the monsoon season, he was forced to stop in Xingjian for four months where he discovered the frog which barked like a dog. In October, he went back to Sichuan but he was a victim of poisoning attempts while drinking tea.
In December, he reached the Moupin (Baoxing today) region where he discovered 16 species of rhododendrons (13 of which were unknown), the Handkerchief Tree (Davidia involucrata) and the Butterfly Tree (Buddleia davidii).
Discovering an unknown bear, the panda
Hunters introduced him to a bear which he had never come across before; white, with black paws and ears, as were the outlines of its eyes. It was the famous giant panda. The Chinese named him “Mountain Child” owing to the children’s cries that he used to send out.
Highly encouraged by Monsignor Chauveau, a native of Luçon, Vendée, bishop of Tatsienlu (Kandging) and despite his poor physical condition (one of his feet was infected, he very frequently fainted, he suffered severe pain…) the missionary did further travel around Moupin, particularly to Mount Hong Shan Tin (3400 m.). Rain, snow, mud, wild paths, nothing could discourage the botanist who kept picking up plants: aconites, gentians, meconopsis, blue poppies, saxifrages and many small low-altitude rhododendrons enriched the Muséum collections.
From the Sichuan area which he left at the end of 1869, Father David sent 676 plant specimens, 441 bird specimens and 145 mammal specimens to the Muséum.
A trailblazer in ecology
From October 1872 until April 1874, he organized a third expedition to the Qiling Mountains in Jiangxi. After the sinking of his overloaded boat on the Han, a turbulent river, Father David jumped into the water in order to retrieve some of his boxes of specimen collections. According to his correspondent in France, Adrien Franchet, Armand David had lost half of his collected plants in similar circumstances.
Up until 1874, Father David explored the provinces around Shanghai although he was suffering from malaria fits and he deplored the destruction of primitive forests and the disappearance of a vast number of species: “Soon wheat and potatoes are going to replace these hundreds, not to say thousands of animals and plants which God had created out of nothingness to make them live with us. They have the right to live and we will reduce them all to nothing by suddenly making their very existence impossible.”
A great scientist
Unlike the botanist fathers under the responsibility of the Paris Foreign Missions, Father David, a Lazarist, had been exempted from any apostolic mission so that he should devote himself exclusively to science. During his three expeditions to China, Father David collected about 3 500 specimen of plants, representing more than 1 500 species, 250 of which were new to science.
A few plants discovered by Father David
After his missions in China which lasted about 11 years, and though he was still in good health, the daring adventurer came back to France permanently at the age of 48. After a refreshing rest, he was to calmly dedicate his time to analysing his finds, publishing scientific articles and to writing a comprehensive account of his 3rd expedition. His studies greatly contributed to advancing research on the evolution of the species. Along with the Muséum, he optimised the organisation and the orientation of his confreres/botanists’ collections in China. As a tribute to him for his research, 79 species of plants were dedicated to him.
He mainly owed his international fame to the importance of his zoological works: he was even more enthralled by the animal world than by plants.
He passed away in Paris in 1900, aged 74.
Translation by Marie Armelle TERRIEN, with participation of Bernadette HAND.
Saison 2020