Les Explorateurs, chasseurs de plantes en Chine - 8 – Frank KINGDON WARD
Index de l'article
- Les Explorateurs, chasseurs de plantes en Chine
- Missionnaires botanistes français
- 1 - Le Père Jean-Marie DELAVAY
- 2 - Le Père Paul-Guillaume FARGES
- 3 - Le Père André SOULIÉ
- 4 - Le Père Armand DAVID
- Les collecteurs de plantes anglo-saxons
- 5 - Frank Nicholas MEYER
- 6 - Reginald FARRER
- 7 - George FORREST
- 8 – Frank KINGDON WARD
- 9 – Joseph ROCK
- Article Ouest France sur le Circuit des Explorateurs
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08 - Frank KINGDON WARD Le Circuit des Explorateurs aux Jardins du Loriot Frank Kingdon-Ward (1885-1958), botaniste et fils de Harry Marshall Ward, professeur de botanique, consacra sa vie à la chasse aux plantes en Asie. Ses plantes préférées étaient les rhododendrons, les primevères et les gentianes. Il a effectué 25 expéditions et découvert 10 espèces de rhododendrons et deux primevères inconnues à Assam, ainsi que de nombreuses autres plantes. Rhododendron Wardii, l'un des rhododendrons qu'il a trouvés, a des fleurs jaunes et les primevères comprenaient la primevère géante (Primula florindae). Il a écrit 25 livres décrivant ses voyages et ses nombreuses aventures. Les Jardins du Loriot lui dédie un massif (Balise chinoise Kingdon Ward, près de la station 33) Frank Kingdon Ward (1885-1958) est sans doute un des derniers des grands collecteurs de plantes asiatiques. Il occupe une place exceptionnelle dans le panthéon des explorateurs qui ont sillonné les prairies, les vallées et gorges des hautes montagnes où dévalent avec force plusieurs fleuves mythiques. En effet, le Tsangpo , prolongé par le Brahmapoutre, la Salouen, le Mékong, le Gyang-Tse (fleuve Bleu), situés entre le Sud-Est du Tibet, le Sud-Ouest de la Chine surplombant le Nord de l’Inde et la Haute-Birmanie marquent « son cher pays ». Il ne pourra jamais le quitter. Tous ses talents se conjuguent avec bonheur : il est botaniste de formation, collectionneur de plantes, explorateur intrépide, infatigable, c’est un écrivain talentueux qui sait faire partager avec passion ses aventures et travaux scientifiques. Enfin, c’est une force de la nature dotée d’une détermination inextinguible. Il est né à Manchester en 1885, fils de Harry Marshall Ward, un brillant botaniste qui fonda l’école de botanique moderne de l'université de sa cité. Il obtient en 1904 un diplôme en sciences naturelles mais écourte ses études en raison du décès de son père. A cette époque, il sait qu’il va consacrer sa vie à l’exploration et la recherche de plantes en Asie. Il part pour la Chine afin de prendre un poste de professeur à l'école publique de Shanghai pour se constituer un pécule qui doit lui permettre de réaliser ses rêves d’explorateur. Après une première expérience d’expédition au Tibet, en 1911, avec une équipe de zoologues américains, il est invité, par le négociant en coton Arthur Bulley, fondateur de la pépinière Bees, à collecter des plantes rustiques et des graines dans la province du Yunnan. En 1913, il explore et collectionne des plantes dans le Yunnan et au Tibet, décrites dans « Mystery Rivers of Tibet » (1921). Cette première expédition botanique couronnée de succès est la première de vingt-quatre expéditions audacieuses de chasse aux plantes entreprises au cours de quarante-cinq années. Ses voyages sont très fructueux, il recueille un grand nombre de plantes, de fleurs, de graines, de bulbes et prend de nombreuses photographies qui illustreront ses ouvrages. En 1914, il effectue la première de ses nombreuses explorations en Haute-Birmanie (proche du Yunnan), détaillées dans son livre In Farthest Burma (1921). Pluies constantes, nuées d’insectes, attaque de malaria, grave accident sur une falaise, plaies sur les bras et les jambes, rien ne rebute l’explorateur : après six semaines de repos, F. Kingdon Ward repart de plus belle à l’aventure. En 1922, il explore de nouveau le Yunnan, ainsi que la province du Sichuan. Le mystère des georges du Tsangpo C'est en 1924-1925 qu'il fait probablement sa plus retentissante et productive expédition, au Bhoutan et au Tibet du Sud-Est , en compagnie de son riche ami, Lord Cawdor. Objectif : s’assurer du tracé jusqu’alors incertain d’une section de 40 km des gorges du Tsangpo, les plus escarpées du monde. De Lhassa à l’Assam, le fleuve dévale de 3.600 m à 300 m d'attitude au-dessus de la mer, sur seulement 240 km. Ward et Cawdor sont les premiers à descendre à plusieurs endroits dans les gorges où les cascades vertigineuses, auréolées des couleurs de l’arc-en-ciel, vont finir par alimenter le Brahmapoutre. Il relève, en fait, un défi qui remonte à son enfance. Un ami de son père, revenant d’Extrême-Orient avait dit : «Il y a des endroits dans le Brahmapoutre où aucun homme blanc n'a jamais été »… Le livre du voyage de Ward, Riddle of the Tsangpo Gorges , publié en 1926, est aussi un fascinant récit des riches faune et flore qu'il y a trouvées. Plusieurs des espèces de plantes que Kingdon Ward a rencontrées sont nouvelles pour la science. Dans une vallée de Rong Chu, par exemple, en descendant les gorges de Tsangpo, il découvre l'une des meilleures primevères pour les forêts et les jardins humides : la Primula florindae, grande primevère candélabre du Tibet, qu'il dédie à sa première femme Florinda née Norman-Thompson, épousée en 1923. Plus à l'ouest, sur « les collines boisées à l'est de Lhassa » (capitale du Tibet), il recueille les premières semences viables de la plante qui lui a valu une belle renommée, le fameux Meconopsis betonicifolia, ou pavot bleu de l’Himalaya, collecté à 5.000 m d’altitude (mais découvert par le Père Delavay). « Soudain ce fut comme un pan de bleu tombé du ciel, un torrent de pavots bleus, scintillants comme des saphirs dans la lumière diaphane. » Il ne faut pas confondre ce pavot avec le Meconopsis speciosa qu’il avait décrit dans un précédent livre The Land of the Blue Poppy - Travels of a Naturalist in Eastern Tibet (1913). Au cours de ce même voyage, il découvre plusieurs espèces de Berbéris et de Rhododendrons dont le splendide Rhododendron wardii qui lui sera dédié. Une passion pour la Haute-Birmanie et l’Assam De 1926 à 1956 Kingdon Ward a voyagé presque exclusivement dans les montagnes et les gorges de la Birmanie et de l'Assam. A la fin de l’occupation japonaise, il va aider l’armée américaine à rechercher dans la jungle les avions abattus et les tombes des soldats alliés disparus. C'est à cette occasion qu'il découvre le splendide petit Lilium mackliniae sur le mont Sirhoi à Manipur. Il y retourne en 1948, cette fois avec sa nouvelle épouse, née Jean Macklin. Il lui dédie ce lys d’une beauté exceptionnelle. Sa première femme n'avait jamais partagé la vie d’explorateur de Frank et ils divorcèrent en 1936. La jeune Jean (26 ans) participera activement à cinq grandes expéditions, trois dans le Nord-Est de l’Inde, deux en Birmanie. Le 15 août 1950, lors d'une expédition dans la vallée du Lohit, aux confins de l'Assam et du Tibet, ils ont la chance de survivre lorsqu'ils se retrouvent près de l'épicentre d'un séisme de magnitude 8,7 sur l'échelle de Richter. Un arbre est tombé sur leur tente. Jean raconte dans My Hill So Strong (1952), cette terrible péripétie, mais aussi la lutte contre ses accès récurrents de malaria. Mais Frank est très aguerri : il a survécu à bien des périls. Leur dernière expédition s’avère moins productive, Frank commence à fatiguer à l’approche de ses 70 ans. Il meurt à Londres à 71 ans, quelques jours avant de faire un nouveau projet de voyage. Il aimait plus que tout la beauté des plantes du Tibet, de l’Assam, du Yunnan et de la Haute-Birmanie et il a su transmettre sa passion et ses découvertes scientifiques en rédigeant 25 ouvrages et 700 articles. Par ses introductions végétales, il a modifié considérablement le paysage anglais et il continue à faire toujours rêver les amateurs de la flore himalayenne à une forme élevée de beauté du monde. © Les Jardins du Loriot 2019 Frank Kingdon Ward (1885-1958) was probably the last of the great Asian plant collectors. He holds an exceptional place among the most famous explorers who travelled across fields, valleys and mountain gorges where several legendary rivers vigorously cascade down. Indeed, the Tsangpo River, continuing with the Brahmaputra, the Salwen, the Mekong, the Blue River, situated between south-east Tibet, south-west China and overlooking north India and Upper Burma, enclosed “his dear country”. Never was he able to leave it. He could happily exercise all his talents: he trained as a botanist, was a plant collector, a dauntless and tireless explorer, plus a gifted writer who knew how to share his passions and his scientific works. Not only was he a real Goliath but he was also endowed with an inextinguishable determination. Born in Manchester in 1885, he was the son of Harry Marshall Ward, a brilliant botanist who founded Manchester University School of modern Botany. In 1904, he graduated in natural science but his studies were cut short on account of his father’s death. At the time, he knew that he would devote his life to exploration and to looking for plants in Asia. He went to China to a teaching post at Shanghai’s public school with a view to building a little nest which, hopefully, would help him realise his dreams of becoming an explorer. After a first expedition to Tibet with a team of American zoologists in 1911, he was invited by Arthur Bulley, the cotton merchant and founder of the Bees nursery, to collect hardy plants and seeds in the Yunnan province. In 1913, he explored and collected plants in the Yunnan province and in Tibet, which he described in Mystery Rivers of Tibet (1921). This first successful botanical expedition was the first of twenty-four other bold plant-hunting expeditions he undertook over forty-five years. His journeys were very fruitful and he gathered a huge number of plants, flowers, seeds, bulbs and took many photographs to illustrate his books. In 1914, he went to Upper Burma (near the Yunnan), the first of his many explorations there, described in detail in his book In Farthest Burma (1921). Ceaseless rains, clouds of insects, a bout of malaria, a serious accident on a cliff, wounds on his arms and legs did not deter the explorer: after a six weeks’ rest, F. Kingdon Ward resumed his adventures with renewed vigour. In 1922, he explored Yunnan again as well as the Sichuan province. The mystery of the Brahmaputra springs His most resounding and productive expedition probably took place in 1924-1925 in Bhutan and South-East Tibet, along with his friend Lord Cawdor. The goal was to trace the so far uncertain course of a 40 km-long section of the Tsangpo gorges, the steepest in the world. From Lhassa to Assam, the river gushes down from an altitude of 3 600 m to 300 m above sea level. Ward and Cawdor were the first ever to climb down the gorges in several places where the spectacular falls, festooned in rainbow colours, cascade into the Brahmaputra. He in fact took up a challenge going back to his childhood. A friend of his father’s, back from the Far East, had said: “There are places in the Brahmaputra on which no white man has ever trodden.”… Riddle of the Tsango Gorges, published in 1926, is also a fascinating travel story of the rich fauna and flora which Ward discovered there. Several of the plant species which Kingdon Ward found were new to science. In one Rong Chu Valley, for instance, going down the Tsangpo gorges, he discovered one of the best primroses suited to forests and dampgardens, Primulae florindae, the tall Tibet candelabra primrose, which he dedicated to his first wife, Florinda, née Norman-Thompson, whom he married in 1923. Further west, on “the woody hills east of Lhassa” (capital of Tibet), he gathered the first viable seeds of the plant which made him famous, the renowned Menocopsis betonicifolia, or Himalayan blue poppy, discovered at an altitude of 5 000 m. “Suddenly, it seemed a whole canopyof blue had fallen from the sky, a torrent of blue poppies, glittering like sapphires in the diaphanous light.” This poppy must not be confused with Meconopsis speciosa which he had described in a previous book The Land of the Blue Poppy – Travels of a Naturalist in Eastern Tibet (1913). In the course of the same journey, he discovered several species of berberis and rhododendrons. A passion for Upper Burma and Assam From 1926 to 1956, Kingdon Ward travelled almost exclusively in the mountains and gorges of Burma and Assam. At the end of the Japanese occupation, he helped the American army look for the shot down planes in the jungle and the allied soldiers’ graves. It was then he discovered the splendid little Lilium mackliniae on Mount Sirhoi in Manipur. He went back there in 1948, this time with his second wife, Jean, née Macklin. He dedicated this exceptionally beautiful lily to her. His first wife had never shared Frank’s life as an explorer and they divorced in 1936. Young Jean (26 years of age) was to participate very actively in five big expeditions, three of these in north east India and two in Burma. On 15th August 1950, during an expedition in the Lohit Valley, on the borders of Assam and Tibet, they found themselves near the epicentre of an earthquake measuring 8.7 on the Richter scale and were lucky to survive. A tree had fallen on their tent. In her book My Hill So Strong (1952), Jean related this terrible episode, but also her fight against the recurring bouts of malaria. Yet Frank was quite resilient: he survived many other dangerous situations (he was impaled on a bamboo stick, he fell from a cliff, he contracted malaria, he had no food during a journey, which forced him to eat plants that turned out to be poisonous…). Their last expedition was less productive. Nearing 70, Frank was getting tired. He died in London, aged 71, a few days before planning a new journey. More than anything else, he loved the beauty of the plants of Tibet, Assam, Yunnan and Upper Burma; he has successfully transmitted his passion and his scientific discoveries by writing 25 books and 700 articles. By introducing vegetal species, he has considerably changed the English landscape and he continues inspiring the enthusiasts of Himalayan flora who dream of a superior world beauty. Translation by Marie Armelle TERRIEN, with participation of Bernadette HAND. Saison 2020 Indices : Lhassa est la capitale de ce pays. Ce pays peut s'appeler aussi Le Toit du Monde. Indice (s) : La situation géographique de l'Assam peut vous aider. Indice (s) : La couleur des fleurs est proche de celle de la Primevère coucou (Primula veris ou Primevère officinale) que l'on peut trouver ici sur le bord de chemins en terrain plutôt calcaire. La plante mesure environ 25 cm.En bref
Biographie
English
Jeu 'Le circuit des Explorateurs'
Question n°1 - Dans quel pays Kingdon Ward a-t-il collecté des graines viables de 'Pavot bleu' ?
Question n° 2 - Est-ce que le fleuve Brahmapoutre coule en Inde ou en Birmanie ?
Question n° 3 - Quelle couleur est la fleur de Primula florindae ? Quelle taille peut atteindre la Primula florindae ?